De l’huile dans les genoux
Je m’appelle Denis et j’ai 48 ans. Cela fait maintenant plus d’un an que j’utilise presque tout le temps le vélo pour me rendre sur mon lieu de travail distant de 6 km. Soit 12 km aller-retour, souvent plus d’ailleurs car en rentrant le soir j’en profite pour effectuer quelques courses ou tester de nouveaux itinéraires. Cette distance laisse nombre de mes collègues dubitatifs, ils pensent sincèrement qu’il s’agit d’un effort considérable que seuls quelques sportifs accomplis sont en mesure de réaliser. Pour ne rien vous cacher c’est un peu ce que je croyais aussi avant de me lancer, car je dois avouer que pendant de nombreuses années c’est en voiture que j’accomplissais ces parcours. Et le plus souvent seul dans mon véhicule ! Comme je trouvais assez facilement une place pour me garer (enfin… pas toujours) je ne m’étais que très peu interrogé sur ma façon de me déplacer. C’est d’ailleurs le changement des règles de stationnement qui m’ont poussé au changement. Aujourd’hui je me dis que « si j’aurais su je l’aurais fait avant ». Il aurait peut être suffit que mon employeur, dont je ne citerai pas le nom ici par crainte de représailles (non, je plaisante), nous incite à modifier nos modes de déplacement. Ce n’est d’ailleurs toujours pas le cas aujourd’hui alors que nous sommes une dizaine de cyclistes réguliers, soit 10% de l’effectif et qu’il est amené à louer des places de parking (fort cher sans doute).
Enfin bref, je voudrais en venir au curieux titre que j’ai donné à mon témoignage. De l’huile dans les genoux ? Quel rapport avec l’usage du vélo ? Alors ça c’est vraiment l’effet auquel je ne m’attendais pas : je me sens en pleine forme physique et tout à fait capable de monter les deux étages de l’établissement ou le raide escalier de mon domicile sans effort, sans essoufflement et avec le sourire. Moi qui avait délaissé un peu (!) le sport de mes jeunes années j’en suis tout surpris. D’autant que je n’ai pas maigri, ou si peu. Mais comme dirait Obelix, je ne suis pas gros non plus (je ne vais tout de même pas vous donner mes mensurations !). Peut être qu’un peu de graisse s’est transformée en muscles ? En tout cas, à l’aube de la cinquantaine je me sens super bien dans ma peau.
Quelques collègues m’interrogent mais j’ai du mal à les convaincre. J’ai beau leur dire que le mal aux fesses se résout très vite, que le « danger » de circuler à vélo si souvent évoqué est largement surestimé, que la pluie n’est pas un problème si l’on est équipé en conséquence et que pour ma part j’ai réduit mes temps de trajet de 50% au bas mot, les hésitations continuent. Pourtant notre directeur commercial vient aussi régulièrement à vélo. On pourrait penser que par effet d’imitation certaines ou certains s’y mettent également. Mais non, cela ne suffit pas.
Il est vrai aussi que sans espace de stationnement suffisant pour les vélos, sans vestiaires et armoires de rangement et sans même un lavabo pour se rafraîchir, l’équipement « proposé » par notre entreprise est particulièrement modeste, pour ne pas dire plus.
Pourtant il me semble qu’avec quelques aménagements intelligents et peu coûteux, accompagnés de pédagogie et d’incitations il serait possible de doubler rapidement notre effectif de cyclistes. Les quelques suggestions à ce sujet que j’ai pu faire remonter à la Direction Générale ont été écoutées avec intérêt mais n’ont débouchées sur aucun résultat à ce jour. Il y a semble t-il d’autres priorités bien plus urgentes.
Il y a encore un an je n’y étais pas sensible. Aujourd’hui je le regrette.