Baromètre des villes cyclables 3e édition : retour sur les résultats dans la métropole bordelaise

Baromètre des villes cyclables 3e édition : retour sur les résultats dans la métropole bordelaise

La FUB – Fédération Française des Usagers de la Bicyclette – a publié le 10 février dernier le palmarès et les résultats de son enquête des villes cyclables clôturé en novembre dernier. C’est la plus grande enquête citoyenne sur le vélo dans le monde.

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La 3ème édition du Baromètre des villes cyclables a rencontré une participation record (le double de 2019), avec quelques 277 384 contributions, 1625 communes qualifiées et plus d’1 million de contributions cartographiques. Ce fort engouement a permis de classer beaucoup plus de communes qu’en 2019 et d’avoir des répondants aux profils variés. Les résultats sont donc plus hétérogènes et collent davantage à la réalité, quand sur l’avant dernière édition les répondants étaient majoritairement des hommes sportifs, faisant du vélo quotidiennement.

Ce classement, uniquement basé sur les retours d’usagers, fait aujourd’hui référence en France.

Il reflète principalement :

  • La progression du confort cyclable
  • La qualité des aménagements dans la commune

Pour citer Olivier Schneider, président de la FUB depuis 2015, puissent les résultats du Baromètre permettre que les actions prisent à toutes les échelles se fassent « le mieux possible, c’est-à-dire en étant inclusif, ambitieux, pertinent ».

Ci-après quelques éléments de réponse pour lire ce palmarès et ces résultats 2021.

Découvrir le classement

 

Le Baromètre des villes cyclables dans la métropole bordelaise

Coup d’œil sur la Métropole bordelaise pour ce 3ème baromètre des villes cyclables, qui a enregistré une participation relativement faible à Bordeaux avec seulement 1916 habitants répondants contre 2619 contributions en 2019 (la tendance est la même sur toute la métropole, mais plus de villes se sont qualifiées cette année en récoltant plus de 50 réponses).

Bordeaux 10ème des villes de plus de 100K habitants

Bordeaux se voit aujourd’hui attribuée la 10ème place du classement dans la catégorie « Grandes villes » de plus de 100K habitants. La ville stagne donc, elle reste en effet à la 5ème place des villes de plus de 200K habitants (elle était 5ème en 2019), avec une note de 3,40 proche de celle de 2019 (3,24).

Classement des grandes villes baromètres des villes cyclables

Classée D, elle apparaît donc comme une ville moyennement favorable au vélo selon les critères du Baromètre des villes cyclable, avec d’autres villes comme Le Havre, Angers ou Tours.

Une note légèrement supérieure à la moyenne de 3,40/6

Pourtant, point positif, l’évolution ressentie atteint tout de même les 25%, avec une note légèrement supérieure à la moyenne de 3,40/6 (contre 3,24 en 2019). Une progression donc, preuve en est que les choses bougent dans le bon sens dans la ville. Bien sûr, tout n’est pas rose et la marge de progression reste importante quand on voit que la note obtenue équivaut à un climat moyennement favorable au vélo.

Un sentiment d’insécurité sur les pistes cyclables à Bordeaux

Globalement, c’est l’insécurité qui prime en termes de ressenti sur les pistes cyclables à Bordeaux comme dans la plupart des communes de France, notamment chez les enfants et les seniors. Preuve en est que nos aménagements cyclables restent à rendre plus qualitatifs. Mais ce sentiment est également en progression par rapport à 2019, les habitants se sentent donc malgré tout de plus en plus en sécurité, ce qui rejoint donc l’avis sur les efforts de la ville que les bordelais jugent en progrès.

Le ressenti vis-à-vis du confort stagne et ce critère reste classé D. Si les pistes cyclables se développent, elles ne permettent donc pas de mettre à l’aise les cyclistes de plus en plus nombreux. On pointera du doigt ici notamment : la discontinuité du réseau, le manque de signalétiques et la qualité des aménagements.

 

A Bordeaux : les points noirs, les progrès et le manque de stationnement

Du côté de la cartographie, on observe que les points forts de la ville en verts sur la carte sont :

  • Les boulevards et ses aménagements temporaires
  • Le cours de la Somme
  • Le cours du Maréchal Juin dans le quartier Mériadeck
  • Le cours de Verdun
  • La rue Lucien Faure
  • Le pont de Pierre
  • Et de manière générale les quais : rive droite et rive gauche.

Avec une progression due sur la plupart de ces axes aux nouveaux aménagements cyclables.

Mais on y découvre également le pendant inverse : le progrès amené par ces aménagements qui sont nouveaux est contre balancé par leur manque de sécurité et de confort. C’est notamment le cas des boulevards qui enregistrent une impression d’amélioration mais aussi de nombreux points noirs, notamment au niveau des intersections. On ne le répétera donc pas assez, si on veut certes des aménagements cyclables partout, on veut avant tout de la qualité, indispensable au confort et à la sécurité des cyclistes. Les aménagements temporaires doivent rester une première étape avant de développer des pistes cyclables en site propre et de largeur adéquate, identifiables et impactantes afin de privilégier la mobilité douce.

Autres points noirs qui ressortent de ce baromètre 2021 : la route de Toulouse, le cour Gambetta et plus généralement l’ensemble des cours, le centre ainsi que les intersections (à la Victoire et au niveau du pont Saint Jean par ex.). La route est encore longue pour notre ville cyclable rêvée…

Du côté du stationnement, la note est stagnante ce qui signifie donc que le stationnement augmente puisque le nombre de cyclistes est en progression. La carte nous apprend par contre où de nouveaux stationnement sont attendus. Un support donc important pour développer de futurs stationnements qui soient pertinents, avec des stationnement en extérieur aux endroits stratégiques mais aussi des stationnements sécurisés. Le stationnement sécurisé est un passage obligé quand on voit que les vols de vélo sont jugés très fréquents sur Bordeaux (note de G). Et comme on le voit à Strasbourg et Grenoble, l’amélioration de la pratique ne va pas sans un service de stationnement qui suit.

Gageons donc que ces résultats seront perçus par nos élus comme une invitation à faire mieux et qu’ils miseront d’autant plus sur un réseau cyclable qualitatif dans la métropole pour faire de la sécurité à vélo une priorité.

Découvrir la cartographie

 

Des exemples pour Bordeaux avec les bons élèves du Baromètre des villes cyclables

Sur le podium de la catégorie « Grandes villes », avec le meilleur ressenti de la part des cyclistes, on retrouve cette année :

En 1er  Grenoble, qui passe ainsi devant Strasbourg à 0,03 points près ; En 2ème Strasbourg ; Et en 3ème Rennes, qui fait sa grande entrée sur le podium des grandes villes.

Bravo à elles !

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Ces villes se démarquent par des réseaux cyclables de plus en plus qualitatifs. 2 d’entre elles : Grenoble et Strasbourg ont une note supérieure à 4. Bordeaux en comparaison peine à atteindre les 3,40.

Les 3 lauréats sont donc des exemples à suivre et montrent que quand il y a une volonté cyclable de la part de la municipalité, on peut ! Grenoble et Rennes affichent une progression de plus de 50%. Seule Strasbourg qui était avant en tête du classement à une progression moins conséquente mais tout de même de 25%. « Preuve que le vélo s’inscrit durablement dans le paysage et pas seulement à Strasbourg » soulignait sur France Bleu Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg.

Découvrir le classement

 

La métropole bordelaise globalement à la traîne sur le plan vélo…

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On aime bien cette expression de « à la traîne » car ça n’est jamais une fatalité, une ville n’est pas nulle en matière de cyclabilité parce que c’est ainsi mais bien parce que les bonnes décisions n’ont pas encore été prises, que la volonté n’y est pas.

A la traîne donc, mais la métropole enregistre quand même une progression, avec selon les répondants de plus en plus d’efforts qui sont faits sur les 28 communes.

« Les communes de banlieue sont tirées vers le haut par les villes-centre ».

On observe également que la métropole tend vers une certaine homogénéité du ressenti cyclable. Les analystes en ont d’ailleurs conclu sur l’analyse globale du baromètre que les communes de banlieue « sont tirées vers le haut par les villes-centre ».

 

La rive droite reste timide en termes de progression

Le Baromètre des villes cyclables 2021 permet de se rendre compte que les villes de la rive droite sont encore à la traîne. La plupart ne dépassent pas la note de 3 et sont donc classées E, plutôt défavorables au vélo.

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Un retard latent qui s’inscrit dans la durée malgré des améliorations à Lormont notamment qui, elle, a une progression ressentie de +16%. Certaines comme Cenon, tirent leur progression de la métropole. On le voit avec l’avenue Thiers en vert sur toute une première partie puis qui vire au rouge une fois passée la côte des 4 pavillons.

Encore trop de discontinuités dans le réseau cyclable de la métropole et des aménagements peu qualitatifs

Le peu de points verts rive droite sur la cartographie des aménagements peut s’expliquer par l’exigence de plus en plus forte des cyclistes. Ces derniers très certainement habitués à rouler dans les autres communes de la métropole souhaitent des pistes cyclables d’autant plus sécurisées et confortables dans leur commune de la rive droite.

Mais le retard ne s’enregistre pas bien sûr que rive droite : Ambarès-et-Lagrave, Parempuyre, le Bouscat ou encore Villenave-d’Ornon, sont toutes classées F, soit défavorables. Au Bouscat, on notera par exemple le passage du tram D qui est ressort en rouge sur la carte. Pour cause, les pistes cyclables y sont absentes.

Misons donc que le ReVE et son réseau commun pourrait combler ces écarts dans la métropole pour tendre vers plus d’homogénéité et pallier les discontinuités qui pèsent grandement.

D’autres communes se démarquent par leurs efforts

Mais la métropole est tout de même comme on le disait en progression avec des villes comme Pessac, Artigues-près-Bordeaux ou Gradignan qui affichent toutes une évolution des données de plus de 20%.

Autre exemple avec la ville de Bègles qui atteint une note de 3,35, proche donc de celle de Bordeaux. Les habitants relèvent notamment le fait qu’il est facile d’y trouver un magasin cycle ou un atelier de réparation vélo. Ce qui pèche encore ce sont : la route de Toulouse bien évidemment ou encore le cour Victor Hugo, avec de gros points noirs soulignés par les usagers.

On notera enfin les villes en tête du classement dans la métropole, qui viennent rehausser la note globale. Bravo à elles !

  1. Saint-Aubin-de-Médoc
  2. Blanquefort
  3. Gradignan

( Bordeaux est, elle, 4ème)

Saint-Aubin-du-Médoc finit également 1er du classement des « villes de banlieues ».

 

Saint-Aubin-de-Médoc et le Teich sur le podium du Baromètre des villes cyclables 2021

Dans la nouvelle catégorie des “Communes de banlieue”, on a donc 2 villes de Gironde qui arrivent en tête. Et c’est Saint-Aubin-de-Médoc qui est sur la plus haute marche du podium avec une excellente note de 4,89 et la meilleure évolution. Elle est suivie par Le Teich et Séné. Lacanau suit en 4ème place.

On note également que la Gironde affiche un grand nombre de villes qualifiées, notamment sur le bassin d’Arcachon.

“J’ai investi 70% de mon budget voirie dans les aménagements cyclables”

Saint-Aubin et le Teich ne se sont pas hissées sur le podium sans raison, c’est qu’elles y ont mis les moyens souhaités. Un travail de longue haleine qui est aujourd’hui salué par les cyclistes. Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin-de-Médoc le dit, s’il est parvenu à cette note de 4,89 (un A+ qui lui vaut aussi la meilleure note de France) c’est parce que depuis 12 ans il investit « 70% de son budget voirie dans les aménagements cyclables » et c’est très fier qu’il affiche ses 21 km de pistes cyclables sur 60 km de voirie urbaine. La preuve que les villes périurbaines peuvent aussi se mettre au vélo même si la voiture y occupe une part importante : Saint-Aubin-du-Médoc manque de cyclistes en comparaison aux aménagements proposés. Enfin, son vélobus mis en place depuis seize ans, avec des agents municipaux qui encadrent les enfants à vélo doit également être une source d’inspiration.

 

La France mauvaise élève mais une cyclabilité qui augmente d’année en année

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On rappellera tout de même qu’en France la moyenne des communes notées est de 2,98/6, ce qui n’est pas la moyenne et équivaut à un E, soit en langage baromètre à un climat vélo « plutôt défavorable ».  Force est de constater que la France est mauvaise élève (pas la moyenne = pas le BAC), avec des communes qui sont bien loin de la cyclabilité atteinte par nos pays voisins : Pays-Bas, Allemagne et Danemark.

Le bât blesse notamment du côté de la sécurité à vélo qui enregistre la plus mauvaise note. La sécurisation des déplacements à vélo est la priorité, notamment pour les femmes avec 57,5% des votantes qui se sentent en insécurité. Et cela passe par la création d’aménagements cyclables pour les endroits où il n’en existe pas mais surtout d’aménagements cyclables qualitatifs pour rouler en toute sérénité.

C’est également la place faite à la voiture qui reste un frein à la pratique avec le ¾ des personnes répondantes qui considèrent que le trafic motorisé (volume et vitesse) est gênant pour la pratique du vélo.

On le dit, il n’y aura pas d’amélioration de la cyclabilité (notamment en termes de confort et de sécurité), sans contraindre la voiture ! Comme le dit la FUB, « il s’agit d’une condition sine qua non à la création d’un environnement permettant à tout le monde de circuler à vélo en confiance ».

Frappant également, le confort affiche une augmentation de seulement 0,01% par rapport à 2019 et est toujours inférieur par rapport à 2017 (2,98 en 2017 contre 2, 85 en 2021), du fait qu’il y ait de plus en plus de cyclistes sans que les aménagements suivent et d’une exigence des cyclistes, elle, en constante augmentation.

Enfin, 43% des personnes répondantes déclarent que les conflits avec les piétons sont fréquents.  Les rapports entre les différents usagers, y compris ceux de la mobilité douce, restent donc encore à apaiser.

Le Baromètre des villes cyclables 2021 et le ressenti global des cyclistes qui en ressort confirment donc tous les points d’alerte que nous signalons depuis longtemps chez Vélo-Cité et que nous avons cité ici.

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